Selon l’économiste Tahar Almi, il existe trois scénarios pour la croissance en 2020. Le scénario de base prévoit une baisse de 9,5% du PIB.
Intervenant lors d’un webinaire portant sur le secteur bancaire aux temps du Covid-19, qui a été organisé le 27 mai 2020 par l’Institut des Hautes Etudes (IHE), l’universitaire et économiste Tahar Almi a estimé qu’il existe trois scénarios pour la croissance pour l’année 2020. Le premier scénario est optimiste. Il repose sur l’hypothèse d’une régression de 4,5% du PIB. Le taux de chômage augmente, dans ce cas, de 5% et l’inflation serait aux alentours de 5,5%. Selon le deuxième scénario qui est un scénario «de base», précise-t-il, le PIB se contracte de 9,5%. Le chômage grimpe de 10%, tandis que le niveau général des prix s’établit aux alentours de 5,5%.
Dans la troisième hypothèse qui serait le pire scénario, le PIB régresse de 19,5%, l’emploi se contracte à son tour de 20%, tandis que l’inflation sera stabilisée aux alentours de 5,5%. «Au cours du premier trimestre 2020, les investissements en capital ont baissé de 60,5% et la consommation des ménages a régressé de 24%. Les économistes en Tunisie s’attendent à ce que la chute du PIB s’accentue au cours du deuxième trimestre. Le confinement ayant surtout concerné les mois de mars, avril et mai», a-t-il noté.
Des risques pèsent sur le secteur bancaire
Au sujet du secteur bancaire et sa solidité face à la crise du coronavirus, Almi a fait savoir qu’«il est peu probable que le stress subi, actuellement, par les banques se transforme en crise financière». Cependant, le risque zéro n’existe pas, a-t-il affirmé. Il a ajouté que le secteur bancaire était en première ligne dans la réponse au coronavirus et a joué un rôle important pour juguler les grands risques que fait peser l’épidémie sur l’économie tunisienne. Mais les autorités monétaires et budgétaires sont peu armées, parce que les craintes liées à l’évolution de l’épidémie «sont toujours présentes», estime-t-il.
Il a expliqué, à cet égard, que le risque le plus immédiat pour les banques est celui d’une baisse marquée des revenus. «Il y a une baisse au niveau des investissements, de la consommation, du financement, l’activité des marchés est ralentie, bref tout est bloqué.
Le marché des introductions en Bourse est de facto presque fermé. Une chute prolongée des cours affecterait le marché secondaire en Bourse. Les activités bancaires comme les crédits aux entreprises et aux particuliers vont subir des conséquences très dramatiques. Les banques courent aussi des risques opérationnelles, outre le risque de récession», a-t-il expliqué.
De son côté, le président du directoire d’Amen Bank et ancien président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (Aptbef), Ahmed El Karm, a fait savoir que les banques ont prévu des «plans d’action post-Covid 19 qu’elles communiqueront incessamment». Ces plans visent, entre autres, à développer les paiements mobiles, améliorer les stratégies de financement des PME, mettre en place des stratégies de financement des start-up en développant des produits financiers innovants.